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Flunch : un plat + l’exploitation à volonté

Vous connaissez Flunch ? Ce n’est pas cher et c’est ouvert jusqu’à tard dans la nuit ! Une entreprise qui se développe à l’international. Mais avez-vous une idée des salaires et des conditions de travail des employés qui vous servent ?
Voici ce qu’en disent les salariés. Le salaire de référence est le SMIC, soit 8,03 € de l’heure. Ici, pas de 15% de service ni de pourboires. « Mon salaire me permet de moins en moins de vivre décemment, je gagne un tout petit salaire, insuffisant à suivre la progression du coût de la vie ».
Le temps partiel est utilisé à outrance. Et avec des coupures dans la journée ! « Je ne travaille que vingt huit heures par semaine mais sur 39 heures de présence dans le restaurant. Ajoutez trois heures de trajet aller retour quotidiennement ! ». Ainsi le temps passé sur le lieu de travail n’est pas en rapport avec le temps réellement payé. Il s’ensuit d’importantes difficultés pour concilier vie professionnelle et vie privée car il est impossible d’envisager un second emploi à temps partiel.
« Les plannings de travail sont souvent modifiés et ce, jusqu’à la dernière minute, pour remplacer des collègues malades, des imprévus de la fréquentation et autres impératifs à la demande de la direction ». Mais lorsqu’un salarié a besoin d’un changement de planning « Là, c’est une autre histoire ! » Selon les directives « Le salarié doit lui-même chercher un collègue qui accepte le changement d’horaire. Les deux parties doivent être présentes au moment du changement avec le responsable qui signe le remplacement des horaires. Le secteur ainsi que le nombre d’heures doivent correspondre. La personne qui se fait remplacer sera pointée en absence autorisée, elle est donc sanctionnée et la personne qui rend ce service sera pointée en repos (s’il y a échange des jours de repos) ».
Si cela ne suffisait pas, la gratification annuelle (en fonction des résultats du restaurant) est minorée en fonction de l’assiduïté. Qui a parlé de « double peine » ?
Bref, les imprévus de planification de la part de la direction sont assumées par les salariés mais les imprévus des salariés (pour certains qui habitent loin du restaurant, même lorsqu’ils tombent dans leurs heures non travaillées) sont sanctionnés.
« Est-ce normal que les salariés qui ont servi l’entreprise durant 25, 20, 10 ou 5 ans se retrouvent avec le même taux horaire qu’un débutant qu’ils ont pourtant formé ? » Selon la direction, la rémunération n’est pas liée à l’ancienneté mais à la compétence. L’évaluation de compétences est confiée à l’encadrement dont la rémunération individualisée est soumise à des objectifs économiques du restaurant qu’il gère.
Résultat : « presque tous les anciens employés sont incompétents ! Regardez nos bulletins de salaire : ni l’ancienneté ni les compétences ne sont reconnues ! »
Mais le pire, ce qui fait souffrir une majorité des salariés, c’est ce regret que « mon implication dans la vie de l’entreprise ne sot pas davantage reconnu ». Ils ont l’impression d’être des machines au service des objectifs économiques de l’entreprise où seul le rendement compte et où l’on ne s’intéresse absolument pas à leurs qualités humaines et individuelles.
Invité hier à un colloque organisé par la CFDT, le DRH de Flunch, Christian Leroy, a montré sa conception de la responsabilité sociale de son entreprise en raillant les participants à une table ronde quand à la faiblesse d’implantation des syndicats dans les restaurants de la chaîne. Comme l’a chouchotté l’une des déléguées présentes « ne réveillez jamais un loup qui dort ! »