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HCR : le Président de la République se repentit ?

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Comment ne pas ressentir un goût amer après le discours du Chef de l’Etat, à moins d’un an de l’élection présidentielle, préconisant le dialogue social et une meilleure reconnaissance des syndicats de salariés ? Jacques Chirac n’aura sans doute pas pratiqué ce qu’il prêche !
Comme le dit François Chérèque, cela fait « longtemps que la CFDT demandait une réforme profonde du dialogue social ». Ce serait donc une « évolution fondamentale » qu’un accord social puisse être repris dans une ordonnance gouvernementale. Jusqu’à présent, dans notre branche professionnelle, c’est tout le contraire qu’on a essayé d’imposer : les ordonnances gouvernementales devaient se retrouver dans nos accords sociaux !
Les gouvernements Raffarin/Sarkozy puis de Villepin/Sarkozy auront tout fait pour soutenir leur ami politique, André Daguin, candidat chiraquien à la mairie d’Auch en 2001, président de l’UMIH, leader poujadiste des petits patrons des hôtels, cafés et restaurants ; fer de lance de leur combat pour l’abolition des 35 heures, moyennant un engagement en faveur de la baisse de la TVA !
Le 14 décembre 2003, par voie de presse, André Daguin a, à mots fort peu couverts, menacé le gouvernement d’un vote massif au Front National pour les élections régionales en cas de non respect de cette promesse.
Malgré cet écart politique, il fut bénéficiaire d’une promotion à la Légion d’Honneur et au Conseil Economique et Social.
Avec près des deux tiers des salariés des HCR payés au SMIC, les employeurs bénéficiaient d’aides de l’état représentant la ristourne maximale sur les cotisations sociales, soit 26% du salaire brut. Un SMICard des HCR sur 5 est payé par l’Etat ! Sans le moindre enjeu stratégique comme l’a souligné la Cour des Comptes. Mais cela n’a pas suffit ! Le gouvernement a cru bon d’accorder des aides supplémentaires de près de 2,5 milliards d’euros aux patrons de la branche HCR entre juillet 2004 et fin 2005 augmentés de 1,5 milliards pour 2006. Soit la quasi-gratuité des cotisations sociales patronales sur les salaires. Et, au-delà, un plan de modernisation de la profession a été signé prévoyant des aides fiscales pouvant atteindre 15 000 euros et plus par établissement sous réserve de respecter
ses obligations légales !
Hier, devant le Conseil d’Etat, la plaidoirie du Commissaire du gouvernement a démontré l’absence de confiance des plus hautes autorités de l’Etat dans le respect des engagements des patrons de la branche.
Avant l’été 2004, le SMIC hôtelier était inférieur au SMIC national de la moitié de la valeur des avantages en nature. La « 6ème semaine de congés payés » représente le repos compensateur du à l’époque contre les heures supplémentaires effectuées. Les salariés des HCR ont 3 jours fériés non travaillés contre 11 dans les autres professions. Doit-on parler de septième semaine de congés ? Non, la CFDT revendique tout simplement l’application du droit commun à tous les salariés de la branche.
Après avoir gaspillé 4 milliards d’euros d’argent public au profit d’une faction d’employeurs sans contrepartie social (ni électoral), il est choquant de lire les préconisations de dialogue social du Chef de l’Etat !
Il est tout aussi choquant de lire les déclarations dans la presse de son allié politique qui accuse la CFDT d’imposer une situation perdant/perdant alors que ce personnage en particulier ainsi que les employeurs de la branche ont imposé une situation gagnant/perdant depuis deux ans et demi en empochant des cadeaux fiscaux sans aucune contrepartie. Quatre milliards d’euros contre le maintien du SMIC pendant 30 mois !
De quoi payer des conseils en communication un peu mieux que ça !