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La générosité, tant que ça reste entre pauvres…

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La responsabilité sociale des multinationales est bien l’affaire des syndicalistes. A la fin des années 1970, le « Bureau » de notre syndicat débattait jusqu’à tard dans la nuit à savoir si Jacques Borel, qui venait de créer le Ticket Restaurant, avait le droit d’imprimer une monnaie privée et ainsi briser le monopole de la Banque de France.
La Banque de France ne s’est pas posée la question ! Sodexho lui a emboîté le pas avec le Chèque Déjeuner. Cette monnaie parallèle s’est vite imposée. Entre les commissions de gestion, les titres vendus mais jamais encaissés, les titres se sont imposés à toute la concurrence indépendante avec au passage, le prélèvement de frais et la passation de la responsabilité des chèques volés ou frauduleux. Le business est au top !
Pour lui donner un coup de pouce, on a même trouvé le moyen d’exonérer ces titres des cotisations sociales. Ainsi, le bénéficiaire nanti ne cotise pas alors que le travailleur qui exécute ses désirs, cotise !
Les multinationales les introduisent dans le monde entier, y compris les pays en développement.
Pas une enseigne de distribution ne dispose pas de sa monnaie privée. En France, cela prend des proportions inouïes. Aux mains de la grande distribution, les chèques-cadeaux servent à ristourner aux consommateurs des « arrière marges » qui seraient trop limites par rapport aux lois sur la vente à perte si elles étaient directement répercutées sur les prix.
Les dernières opérations en date : Accor rachète Kadeos, un des principaux fournisseurs de chèques cadeau des Comités d’Entreprise utilisés en guise d’arbre de Noël, fête des mères, etc. Ce titre rejoint un portefeuille comprenant divers chèques service et un comptoir dédié aux CE. Comme la réplique d’un séisme, l’annonce du rachat de Tir Groupé, le principal concurrent, par Sodexho, achève la concentration du marché.
Il se trouve que Tir Groupé est un partenaire du « Toit Citoyen », un organisme logé à la Grande Arche de la Défense qui loue des salles de réunion et des services aux Comités d’Entreprise. Des conférences y sont même organisées sur des thèmes touchant ceux-ci. Une récente animation « Les insoumis des LBO » a traité des opérations de rachat d’entreprises et de la destruction d’emplois exercés par les mêmes fonds qui financent indirectement son activité.
La boucle est bouclée !
On retrouve le même schéma qu’aux Etats-Unis et ailleurs où les multinationales font larmoyer les citoyens sur le sort de leurs semblables, en centralisant des aides versées par les consommateurs mais rarement en mettant la main à la poche des actionnaires. Toute proportion gardée, la poche de ces fonds d’investissements fait plusieurs kilomètres de large alors que celle des consommateurs ne mesure que quelques centimètres. Aux premiers, les dividendes exceptionnels, aux seconds, la limitation du pouvoir d’achat et les sollicitations.