Loading...
Publications

Le SMIC hôtelier ou comment valoriser les déchets

Son dérivatif, le SMIC Restauration Collective existe toujours mais le SMIC hôtelier est mort en 2004, le seul point positif de l’accord du 13 juillet, largement compensé aux patrons.
Ce dispositif, particulièrement dégoûtant, frappe les moins payés des salariés en permettant aux employeurs de déduire du SMIC national, la moitié de la valeur des avantages en nature servis.
Dans la branche Restauration Collective, les employeurs exercent un chantage vis-à-vis des délégations syndicales car ils voudraient obtenir les mêmes avantages fiscaux que leurs concurrents relevant de la Convention Collective HCR. Ils sont prêts à abandonner le « SMIC RC » en échange !
Dans les HCR, les employeurs continuent néanmoins à parler du SMIC hôtelier. Il serait même désormais supérieur à 1500 euros mensuels selon leur hebdo propagandiste préféré. De quoi s’agit-il en réalité ?
Ils ajoutent au SMIC national le montant des avantages en nature. Et presto ! Un SMIC hôtelier, UN !
Bien entendu, ceux-ci, pour les URSSAF, doivent être ajoutés au salaire brut mensuel pour l’évaluation des cotisations sociales. Mais l’employeur, après les avoir ajoutés en haut de la feuille de paie les déduit en bas. L’opération est neutre et n’existe que pour faire cotiser le salarié. L’employeur, lui, ne verse pas de cotisations sociales sur ce montant et reçoit même une exonération forfaitaire de 0,87 € par avantage versé.
En somme, les avantages en nature entrent dans le salaire brut mais pas dans le net où au contraire, le salarié reçoit même quelques euros en moins de ce fait.
Quand à l’avantage en soi, on constate des pratiques diverses.
Dans la restauration collective, le personnel reste en tenue, sur les lieux de travail et très souvent à la disposition de l’employeur malgré la pause affichée. Si le repas est programmé avant le service, on lui permet de consommer généralement le plat le moins cher. Si le repas est programmé après le service, il a droit aux restes.
Dans la restauration traditionnelle, le personnel reste en tenue, à la disposition de l’employeur et prend une pause nettement inférieure à la durée affichée. Si elle est affichée et quand le salarié ne consomme pas carrément « sur le pouce ».
Dans la restauration rapide, certains salariés ont tellement marre de la répétition des plats qu’ils ne consomment plus leur « avantage ».
Dans l’hôtellerie, on innove ! Les mètres carrés coûtant ce qu’ils coûtent, souvent dans les hôtels modernes, on trouve moins cher de payer les avantages en nature au personnel (soit 3 ,11 € par repas) et de lui accorder une pause de 30 minutes pour aller déjeuner à l’extérieur. Comme cela relève de l’impossible, soit il « sandwiche » soit il abandonne.
Dans certaines chaînes, l’employeur paie les avantages en nature aux salariés tout en proposant un service de restauration du personnel où le salarié peut acheter un repas plus cher que le montant de son avantage et prendre une boisson payante, un café avec des jetons. Certains hôtels sollicitent même une participation au Comité d’Entreprise.
Il est vrai que la notion de « nourriture saine, abondante et variée » a disparu des textes législatifs hormis quelques Conventions Collectives Régionales HCR (Meurthe et Moselle, Nord, Pas de Calais, Seine Maritime, Vosges) et celle de la Restauration Collective.
Dans les petits établissements, les conflits à ce sujet sont nombreux. Les salariés témoignent d’employeurs qui calent les heures de travail pour éviter de leur fournir le repas, de pratiques discriminatoires dans la distribution des plats
A l’origine, le montant de l’avantage en nature correspondait à une heure du SMIC. Le Minimum Garanti (base du calcul des avantages en nature) et le SMIC horaire étaient identiques. Le seul avantage de cette profession qui permettait aux salariés d’espérer un « mieux » sur leurs indemnités de retraite ou de longue maladie ! A ce jour, celui-ci ne correspond plus qu’à 23 minutes du SMIC. Une sérieuse dévalorisation !
Tout bénéf pour les employeurs qui parviennent à recycler les restes du jour et conserver leurs personnels sur les lieux de travail ou encore y trouver le moyen de faire du profit.