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La Banque mondiale prône l’élimination de la protection des travailleurs

La Confédération internationale des syndicats libres, CISL, a critiqué avec véhémence la Banque mondiale à l’occasion de la sortie de la dernière édition du rapport annuel Doing Business (Faire des Affaires), sa publication à plus grand tirage, pour y avoir inclus des recommandations appelant les gouvernements à lever toute réglementation des marchés de l’emploi et à prendre exemple sur les pays qui ne sont pas membres de l’Organisation internationale du travail (OIT). Dans ces pays, il n’existe pratiquement aucune règle en matière de protection des travailleurs et.
L’édition 2007 de Doing Business préparée par le groupe de la Banque mondiale chargé du développement du secteur privé a attribué aux Iles Marshall la « meilleure performance » au niveau mondial pour l’absence quasi-totale de réglementation en matière d’emploi et de travail, supplantant par la-même le tenant du titre de l’année précédente, Palau. Les Iles Marshall et Palau ont pour point commun d’être toutes deux de minuscules nations insulaires du Pacifique qui n’ont pas de code du travail et ne sont pas membres de l’OIT. La base de données en ligne de la Banque mondiale, Doing Business, explique que le titre de « meilleur performant » en matière de régulation du marché du travail a été accordé à ces pays parce qu’ils ont en commun, entre autres facteurs exemplaires, le fait de permettre que les salariés soient contraints de travailler jusqu’à 24 heures par jour, sept jours sur sept, sans obligation de leur accorder des vacances ou de leur délivrer des préavis de licenciement.
N’étant pas membres de l’OIT, les Iles Marshall et Palau comptent parmi les rares pays qui ne soient pas obligés de se conformer aux normes fondamentales du travail (concernant l’élimination du travail forcé et de la discrimination et le respect de la liberté d’association et du droit de négociation collective) auxquelles les pays membres sont tenu d’adhérer.
Le Secrétaire général de la CISL, Guy Ryder, estime d’autant plus ironique que le rapport annuel le plus largement diffusé de la Banque mondiale sacre « Meilleurs Performants » en matière de normes du travail des pays qui n’offrent pratiquement aucune protection à leurs travailleurs. Les présidents de la Banque mondiale ont pourtant vanté la cohérence des normes fondamentales du travail avec la mission de la Banque mondiale pour le développement. Une des divisions de la Banque mondiale, la Société financière internationale, stipule même qu’elle n’accordera pas de prêt à des firmes qui n’appliquent pas les normes fondamentales du travail.
« La Banque mondiale se doit de jouer franc jeu. Si elle estime réellement que les normes fondamentales du travail de l’OIT sont favorables au développement, il est inadmissible que la Banque mondiale fasse ensuite volte-face et couvre d’éloges des pays qui n’adhèrent pas à l’OIT et ne respectent pas les normes fondamentales du travail en les sacrant « Meilleurs Performants » pour leurs normes du travail. Il incombe à la Banque mondiale de retirer au département chargé de la préparation du rapport Doing Business le mandat de réglementation du marché du travail et de cesser d’utiliser ce rapport comme base pour la formulation de ses propositions de réforme du marché du travail » a déclaré Guy Ryder.
Le secrétaire général de la CISL signale d’autre part que la Banque mondiale et le FMI se sont servis des éditions antérieures de Doing Business dans la préparation de documents stratégiques nationaux pour la réduction de la pauvreté (DSRP) pour éliminer diverses clauses relatives à la protection des travailleurs. Dans son récent Mémorandum Economique pour la Colombie, la Banque mondiale a notamment demandé au gouvernement colombien de veiller à un assouplissement des décisions en matière d’embauche et de licenciement s’il tenait à améliorer ses indicateurs Doing Business même s’il est incertain que ceux-ci aient un impact favorable sur l’économie. En outre, ces demandes ont été traduites en conditions d’accès aux prêts de la Banque mondiale pour la Colombie.
Dans un récent rapport sur la politique économique en Afrique du Sud, le FMI a recommandé au gouvernement d’améliorer ses indicateurs Doing Business en « rationalisant » ses procédures d’embauche et de licenciement. Les changements proposés auraient impliqué l’abrogation des règles dites d’Action Affirmative mises en place par les administrations post-apartheid pour corriger le piètre héritage laissé par plusieurs décennies de discrimination raciale. (Ceci et divers autres cas de recours au rapport Doing Business par le FMI et la Banque mondiale pour éliminer la protection des travailleurs sont décrits dans un rapport détaillé préparé par la CISL)
La CISL représente 155 millions de travailleurs dans 241 organisations affiliées dans 156 pays et territoires. La CISL est également partenaire des Global Unions. Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse de la CISL au +32 2 224 0204 ou au +32 476 621 018.