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Restauration Collective : à quoi sert une profession qui paupérise ses salariés ?

Les entreprises de restauration collective annoncent encore des hausses records de leurs résultats semestriels. Dans le même temps, la Fédération Nationale des Banques Alimentaires vient de publier la synthèse d’une enquête concernant l’activité des associations d’aide aux personnes en difficulté.
Conclusions :
– Un salarié sur dix a recours aux associations pour manger quotidiennement.
– Une personne et demie sur 10 sont retraitées.
– La moitié des personnes ont entre 25 et 49 ans.
– La moitié des personnes font appel à l’aide régulièrement depuis plus d’un an.
– 50% sont célibataires, 23% des familles monoparentales et 27% des couples.
– Un bénéficiaire sur 10 seulement est sans domicile fixe.
– Un bénéficiaire sur 4 est de nationalité française.
Ces données contredisent l’idée reçue que les personnes ayant des difficultés à se nourrir sont des exclus privés de leurs besoins élémentaires.
Au sein de notre syndicat, personne ne s’en étonne ! Ces profils de salariés pauvres, nous les connaissons bien ! En recevant les salariés de nos branches professionnelles, le rôle de nos militants est plus proche de celui d’un assistant social que d’un agitateur politique et syndical !
Dans une branche professionnelle où 52% des salariés sont au taux horaire du SMIC, dont 75% à temps partiel, la pauvreté frappe de plus en plus les salariés honnêtes atteints dans leur dignité d’être obligés de solliciter de telles aides. Alors qu’ils travaillent !
Malgré des responsabilités hiérarchiques lourdes en termes de sécurité alimentaire assumées par les salariés reconnus qualifiés, plus des trois-quarts des employés de la profession ne dépassent pas 1,3 fois le SMIC. Un directeur de restaurant entame sa carrière à un montant inférieur !
La restauration collective atteint le paradoxe de cumuler les salariés les plus pauvres et les multinationales les plus performantes. Où va-t-on ?
– Comment peut vivre un célibataire qui touche le SMIC RC 8 fois dans l’année ? (le cas des salariés du secteur scolaire payés 8 mois sur 12).
– Comment peut vivre une famille monoparentale dont le parent travaille à plein temps pour moins que le SMIC ? Le « SMIC RC » est équivalent au SMIC national moins la demie valeur des avantages en nature, soit 1 185,25 € par mois bruts.
– Comment peut vivre un couple travaillant à deux avec ou sans enfant avec 16 mois le SMIC RC dans l’année au lieu de 24 ?
– Comment peut vivre la famille d’un cadre lorsque celui-ci est seul à travailler pour 1,3 fois le SMIC ?
– Comment peuvent vivrent des retraités dont les indemnités correspondant à la moitié de 8 mois de salaire dans l’année ?
Dans les négociations, nos délégations CFDT entendent les DRH de ces multinationales (Compass, Elior, Sodexho…) leur expliquer que tel compromis permettrait à telle catégorie de salariés de bénéficier de telle aide publique (notamment en matière de retraites). Que les salariés auraient davantage en poche dès aujourd’hui s’ils acceptaient des mesures exonérées de cotisations sociales faisant l’impasse sur les intérêts des salariés à long terme.
Le cinquième des salariés de la restauration collective est aujourd’hui payé grâce aux remises des cotisations sociales. Et oui ! Avec 26% de remises sur les cotisations au niveau du SMIC, près du cinquième des effectifs de la restauration collective est aujourd’hui payé indirectement par l’Etat !
Ces sommes dépassent dans bien des cas le niveau de résultat de l’entreprise et se retrouvent redistribuées aux actionnaires internationaux
Cadeau des dirigeants de l’état français !
Demandons aux salariés, aux agents de maîtrise, aux directeurs de restaurants, aux gérants et aux cadres intermédiaires (et même, supérieurs) de cette branche professionnelle, s’ils sont d’accord pour que leurs impôts et cotisations sociales financent les dividendes des milliardaires actionnaires étrangers plutôt que les allocations familiales de leurs collègues !
La CFDT réclame dans la branche Restauration Collective, les améliorations sociales suivantes :
– L’application du SMIC de droit commun (c’est-à-dire 1217,91 € au lieu de 1185,25 € pour un temps plein)
– Prime ancienneté de branche
– 13ème mois
– Subrogation permettant aux salariés de ne plus faire l’avance de leurs frais médicaux.